PHOTOREPORTAGE | PARTIE 2

SAMEDI, 25 MARS

Repos - Yuma (Arizona)

C’est jour de repos au Love’s de Yuma aujourd’hui. Après un cycle de 70 heures derrière le volant, Martin doit obligatoirement prendre une pause de 36 heures. Il en profite pour faire son lavage, un ménage de la cabine du camion et régler des problèmes de paperasse pour l’impôt. Eh oui, même cela se fait du camion, à 4800 km de la maison.

En après-midi, Martin va assouvir une de ses passions : les Harley-Davidson. Il y a justement un concessionnaire à 15 minutes de marche. Il possède lui-même un de ces engins et l’arrivée du printemps le fait rêver à des randonnées sur les routes du Québec. Quelques petits achats et on revient en faisant le plein de vitamine soleil.

En après-midi, c’est la valse des camions dans la halte routière, un flot continu d’arrivées et de sorties.

Certains camionneurs voyagent avec leur chien. Les toutous en profitent pour se délier les pattes.

On termine la journée avec un souper au Boston Pizza. Ça fait changement du poulet Chester.

DIMANCHE, 26 MARS

De Yuma (Arizona) à Tularosa (Nouveau-Mexique)

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Terminé, le bain de soleil. Il faut repartir. On reprend la route à 9h. Direction Tucson. On traverse le sud de l’Arizona. Désertique, aride et des cactus! Même décor au Nouveau-Mexique. On se croirait dans une bande dessinée de Lucky Luke et les Daltons. On s’arrête pour la nuit dans une petite ville, Tularosa, au pied de la réserve Mescalero. Un territoire de la Mescalero Apache Tribe.

LUNDI, 27 MARS

De Tularosa (Nouveau-Mexique) à Stroud (Oklahoma)

Tôt le matin, on s’aventure dans la réserve Mescalero. On grimpe jusqu’à 7591 pieds d’altitude, le mercure descend jusqu’à 0 °C. C’est un microclimat au milieu d’un désert.

En sortant de la réserve, on retombe dans les plaines désertiques du Nouveau-Mexique.

On continue notre chemin vers le Texas. On croise des parcs d’engraissement à bovins.

Martin a une surprise pour moi.

« On va aller dîner à un endroit spécial », qu’il me dit.

Je ne cherche pas trop. Je ne veux pas lui gâcher son plaisir. La surprise se trouve à Amarillo, Texas. The Big Texan Steak Ranch. « On va manger un bon steak, j’espère que t’as faim », salive déjà Martin.

Ce restaurant est célèbre pour son concours du steak de 72 onces. Le repas est gratuit à quiconque peut  manger le steak de 4,5 livres avec le pain, les crevettes et une salade en moins d’une heure. Pour ceux qui essaie mais qui échoue, la facture est de 100 $US.

« Vas-y, Yan, essaie-le ! ».

« Ah ! ah ! ah ! Non merci, 8 onces pour moi, ça va être assez ».

Assis à la table d’à côté — le monde est petit —, deux Montréalais en route vers Las Vegas. Mathieu et Marc-André qui se dirigent au International Pizza Expo à Las Vegas.

Une discussion s’amorce sur le métier de Martin. Nos deux Montréalais reconnaissent l’aspect essentiel et difficile du métier de camionneur longue distance. Toujours loin de la maison, vie familiale et sociale au strict minimum. C’est beaucoup de sacrifices pour sa passion.

« Bravo pour ce que vous faites, ce n’est pas un métier facile », reconnaît Mathieu Fortin.

Visiblement, la petite phrase touche beaucoup Martin.

On quitte nos voisins de table. On doit traverser Oklahoma City avant la nuit.

On s’arrête pour la nuit à Stroud, petite ville entre Oklahoma City et Tulsa.

MARDI, 28 MARS

De Stroud (Oklahoma) à Cloverdale (Indiana)

Le jour 10 du voyage nous voit revenir sur nos traces de départ. Nous repassons par Saint-Louis où l’on peut apercevoir le Gateway Arch et traverser le Mississippi. Retour dans les États du Midwest américain.

À tous les jours du voyage, Martin en profite pour prendre des nouvelles de ses amis camionneurs qui sillonnent les routes de l’Amérique du Nord comme lui.

Allen est en Iowa, Patrick traverse la Virginie et Sylvain parcourt les provinces maritimes. Ça fait du bien, dit Martin, de parler à des gens qui ont les mêmes préoccupations que lui. On blague, on échange de l’info, Martin leur apprend qu’un photographe l’accompagne dans son voyage. Ils ont tous hâte de voir le résultat.

On arrête à Cloverdale en Indiana pour la nuit. On mange au restaurant de la halte. Et hop, dodo.

MERCREDI, 29 MARS

De Cloverdale (Indiana) à Napanee (Ontario)

Tranquillement, nous remontons vers le nord, direction Canada. On traverse Indianapolis tôt le matin.

On arrive à Détroit un peu avant midi.

On traverse l’Ambassador Bridge et nous revoilà au Canada.

On se dirige vers Toronto en espérant atteindre Kingston pour la nuit. Juste avant London, c’est le blizzard.

Et à Toronto, le trafic.

On devra finalement s’arrêter à Napanee, à 40 km de Kingston.

Le trafic à l'approche de Toronto

Le trafic à l'approche de Toronto

Le trafic à l'approche de Toronto

Le trafic à l'approche de Toronto

JEUDI, 30 MARS

De Napanee (Ontario) à Sainte-Marie-de-Beauce (Québec)

Dernier jour du périple. Nos brocolis et nos laitues de Californie arrivent à destination après 4450 kilomètres. On ira livrer les brocolis dans un entrepôt de Mercier, en banlieue sud de l’île de Montréal. La laitue ira chez Courchesne-Larose à Anjou. Autoroute 20 jusqu’à Québec, puis direction Sainte-Marie.

La grande virée est terminée pour moi. Je quitte ma cabine avec vue, la tête pleine des plus beaux paysages. Ma blonde vient me chercher. Martin range la cabine, abandonne son camion. Jusqu’à la prochaine fois. Dans trois jours, ce sera la Floride.

Texte
YAN DOUBLET

Photos
YAN DOUBLET

Design graphique
PASCALE CHAYER
ET NATHALIE FORTIER