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Protection des milieux naturels

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En décembre 2022, le Québec était l’hôte de la COP 15, une grande rencontre internationale qui avait lieu à Montréal. À cette occasion, plusieurs États ont pris un engagement : atteindre l’objectif de 30 % de milieux naturels protégés sur leurs territoires d’ici 2030.

Au même moment, le gouvernement québécois en profitait pour réitérer que nous sommes sur la bonne voie, puisque nous avons déjà protégé 17% du territoire de la province.

C’est vrai, mais la plupart des aires protégées jusqu’à maintenant se situent dans le nord du Québec.

Pour continuer et atteindre l’objectif de 30%, c’est dans le sud qu’il faut maintenant œuvrer, sur un territoire beaucoup plus urbanisé, aménagé, avec des routes, des villes, des villages, des terres agricoles et une très grande proportion de terres privées. Identifier et protéger des milieux naturels, ça représente tout un travail qui avance à petits pas. 2030, c’est dans sept ans. On comprend que le défi est immense.

À Varennes, le maire Martin Damphousse, aussi président de l’Union des municipalités du Québec, connaît bien les enjeux pour les villes du sud de la province.

« Ça représente un défi colossal pour les villes du sud. Si on prend l'exemple de Varennes, 80% de notre territoire est composé de terres agricoles. Il est protégé au niveau de l'agriculture, mais pour ce qui concerne la biodiversité, la forêt, les milieux humides, les espaces qu'il reste à protéger ne sont pas si grands que ça.

L'objectif du 30% est très ambitieux et il faut donc, pour y arriver, mettre en place des mécanismes pour nous aider. Si on ne nous aide pas par la réglementation, il y a beaucoup de villes qui seront freinées, qui n'oseront pas, parce que l'autre facteur non négligeable, c'est que dès qu'on protège, ce sont des dépenses additionnelles.

Mais aujourd'hui, pour le milieu municipal, les revenus sont principalement générés par la taxation du bâti. Ceux qui ne bâtissent pas s'appauvrissent, parce que les dépenses augmentent. Donc on est pris entre l'arbre et l'écorce et c'est pour ça que dans le cadre de la refonte fiscale, on va souhaiter une autre façon d'aller générer des revenus pour les villes. Ce n'est pas simple à régler, mais c'est assurément une des belles solutions à mettre en place. »
Martin Damphousse, maire de Varennes, président de l'UMQ

Photo : Les montagnes vertes | Simon Jodoin

Photo : Simon Jodoin

Photo : Les montagnes vertes | Simon Jodoin

Photo : Simon Jodoin

Dans les Cantons-de-l'Est, l'organisme Corridor appalachien, s'est donné pour mission de protéger une portion de la chaîne des Appalaches appelée les « montagnes vertes », un massif dans la région de Sutton qui se rend jusqu’au mont Orford. On y trouve des forêts d’une grande beauté et des écosystèmes très riches.

Depuis plus de 20 ans, un vaste réseau de citoyens et d'associations locales effectue un travail de macramé territorial: ils trouvent des terrains à protéger, ils discutent avec les propriétaires terriens, ils achètent des terres ou en obtiennent grâce à des donations. Ce faisant, ils œuvrent aussi avec les municipalités pour mieux les outiller, leur donner de bons arguments pour défendre leurs politiques de conservation et les faire comprendre à la population. Pour la directrice de l'organisme, Mélanie Lelièvre, modifier les règles pour permettre aux villes de mieux protéger le territoire, ce n’est pas un simple enjeu municipal, c’est une question de bien commun.

« Il faut rallier les municipalités parce que ce sont elles qui sont responsables de l'aménagement du territoire. Le fédéral a pris l'engagement, le provincial aussi, il faut que le palier municipal soit aussi partie prenante et qu'on mette les outils en place pour que les municipalités puissent être un acteur majeur pour atteindre l'objectif. Il y a toute sorte d'idées qui circulent, je pense entre autres à des incitatifs fiscaux. Parce que sans l'apport des municipalités, on rame un peu dans le vide. On va faire quelques gains ici et là, mais on n'arrivera pas à une représentativité des aires protégées dans le sud du Québec si on n'a pas les municipalités avec nous. »
Mélanie Lelièvre, Directrice générale chez Corridor appalachien

Comparativement à d’autres questions environnementales qui peuvent sembler plus théoriques, les milieux naturels, c’est quelque chose de très concret, on les voit, on les touche, ils font partie des environs. On a bien vu, pendant la pandémie, à quel point les espaces verts, les grands parcs et les sentiers forestiers ont servi de refuge pour bien des gens. On peut supposer qu’on mesure mieux la valeur des milieux naturels lorsqu’on constate l’importance qu’ils ont sur nos modes et nos milieux de vie. Cette prise de conscience se traduit de plus en plus par une mobilisation dans les communautés et une reconnaissance de l’urgence d’agir.

« L'objectif de 30% est ambitieux, mais la note positive que je vois, c'est la reconnaissance du changement du climat. Tout le monde reconnaît qu'il se passe quelque chose et tout le monde reconnaît qu'on doit agir ensemble. Maintenant, comment on va y arriver? Le défi reste entier. Mais nous, comme gouvernement de proximité, c'est sur nos terrains qu'on va agir et on va souhaiter le faire. »
Martin Damphousse, maire de Varennes, président de l'UMQ

Il suffit d’y penser pour réaliser que la prise en compte de la valeur des milieux naturels, ça repose beaucoup sur cet attachement aux lieux qu’on habite, ces terrains qu’on aime et dont on prend soin pour les laisser à ceux qui nous suivent. Pour Mélanie Lelièvre, le lien affectif entre les propriétaires terriens et leurs parcelles de territoire, c’est peut-être ça qui va nous permettre de sauver les milieux naturels.

« C'est vraiment fascinant de voir le taux de succès qu'a le discours de la conservation auprès des propriétaires fonciers. Parce que les propriétaires de milieux naturels, le moindrement qu'ils sont propriétaires depuis un certain temps, il y a un lien affectif très grand qui se crée entre eux et leurs terrains. Quelque part, tous les propriétaires préfèrent, comme destination finale de leur propriété le choix de la conservation plutôt que de vendre à quelqu'un qui va morceler ce territoire en 12 petits carreaux et aménager une grande route au milieu. »
Mélanie Lelièvre, Directrice générale chez Corridor appalachien

Comment ça va chez vous ? est une production des Coops de l'information
en partenariat avec l'Union des municipalités du Québec
Conception, réalisation et animation : Simon Jodoin

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