Des trous dans le territoire?

Intégration des activités minières dans le sud du Québec

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Photo : Simon Jodoin

Photo : Curioso Photography | Unsplash

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Vous savez à quel point c’est agréable de se promener sur les routes du Québec.

Routes sur lesquelles on va sans doute aller rouler de plus en voiture électrique pour aller contempler les beaux paysages.

Or, ces paysages sont peut-être appelés à changer justement parce qu’on va se déplacer avec des voitures électriques.

Car pour fabriquer ces véhicules, ça prend évidemment des batteries qu’on fabrique avec du graphite, du lithium et autres métaux qu'on trouve beaucoup dans le sud du Québec.

Avec cette ambition d’électrifier les transports, on voit apparaître dans le sud du Québec ce qu’on appelle des claims miniers. Selon la définition officielle du ministère des Ressources naturelles et des Forêts « Le claim est le seul titre d’exploration valable au Québec. Il confère à son titulaire le droit exclusif de chercher toutes les substances minérales du domaine de l’État »

Là où il y a un souci, c’est que les résidents ne s’en rendent pas nécessairement compte et ignorent bien souvent que le sous-sol de leurs terres ne leur appartient pas. Il pourrait y avoir un claim minier sous vos pieds, sans que vous ne le sachiez. En Outaouais, par exemple, Benoît Lauzon, maire de Thurso et préfet de la MRC de Papineauville, constate que des citoyens découvrent du jour au lendemain que des travailleurs viennent explorer le territoire où ils habitent.

La loi, ce qu’elle dit, c’est que quand on prend un claim minier, dans les deux années suivantes, on doit faire de l’exploration. On doit investir, on doit aller voir ce qu’il y a dans le sous-sol. Dans certains territoires, on a vu de l’exploration commencer, ce qui a donné une crainte à certains citoyens, qui sont allés plus loin. On sait qu’on peut aller sur le site du gouvernement du Québec pour voir où sont les claims. Les citoyens ont commencé à faire des recherches pour s'apercevoir qu’il y a des terres publiques et même des terres privées, des terrains de citoyens, qui font partie de claims miniers. C’est une inquiétude pour une communauté comme la nôtre qui ne connaît pas beaucoup cette industrie.
Benoît Lauzon, maire de Thurso, préfet de la MRC de Papineauville, responsable du dossier de l'intégration minière pour l'UMQ

Photo : Simon Jodoin

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Photo : Parc régional Kiamika | Mathieu Dupuis

Photo : Shane Mclendon | Unsplash

Photo : Parc régional Kiamika | Mathieu Dupuis

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À l'été 2022, Marie-Claude Provost, directrice du parc régional Kiamika dans les Hautes-Laurentides, a découvert elle aussi qu'il y avait un claim minier dans le lieu de villégiature et de conservation dont elle a la garde.

Je reçois un courriel et je vois qu’en copie il y a le ministère des Ressources naturelles et un chargé de projet de Northen Graphite. Il me propose de le rencontrer en m’annonçant qu’il va être mon nouveau voisin. Je vais donc à sa rencontre et il me montre le claim minier. Je constate alors qu’il est dans le parc. Mon premier réflexe, ça a été de lui dire: « vous n’êtes pas mon voisin, vous êtes dans le parc! » Il me dit ensuite: « Tu vas être contente, nous n’allons pas utiliser le chemin des clients, nous allons utiliser les chemins forestiers. J’ai sorti ma carte avec les chemins forestiers et je lui ai dit: « vous êtes dans les sentiers de motoneige, les sentiers de raquette et les sentiers de ski. »
Marie-Claude Provost, directrice du parc régional Kiamika

En 2016, on a modernisé la loi des mines pour y introduire la notion de Territoire Incompatible avec l’activité minière (TIAM). Théoriquement, une MRC peut choisir de déclarer qu’une portion de son territoire n’est pas propice à l’exploitation d’une mine.

Toutefois, nombreux sont ceux qui considèrent que les critères à remplir manquent de souplesse. Ils ne tiennent pas compte des particularités de chaque coin de pays et des volontés locales. Dans Vaudreuil-Soulanges, par exemple, aussi curieux que ça puisse paraître, les instances locales n’arrivent pas à mettre à l’abri de la loi des mines le mont Rigaud qui est pourtant un lieu naturel et récréatif qui fait la joie des citoyens depuis de nombreuses années.

La loi des mines, telle qu'on la connaît présentement, se trouve donc en conflit avec l'acceptabilité sociale, qu'on peut faire valoir en dernière instance, le plus souvent lorsqu'un projet de mine est déjà dans les cartons. Or, c'est un peu fonctionner à l'envers. Ne vaudrait-il pas mieux autoriser les projets miniers dans des lieux où l'acceptabilité sociale est déjà clairement établie? Pour Benoît Lauzon, cette notion devrait faire partie intégrante de la loi des mines qu'il faudrait impérativement réformer.

Il faut revoir cette loi-là. C’est une loi qui fait du mur à mur pour le Québec. Vous vous êtes sûrement déjà promené au Québec. Quand on est en Abitibi, au lac Saint-Jean, en Gaspésie, en Outaouais ou en Estrie, il n’y a pas un territoire qui se ressemble. Il n’y a pas un territoire qui s’est développé de la même façon. Le gouvernement du Québec doit avoir un respect de cette réalité. C’est notre richesse au Québec. Il faut aller vers l’acceptabilité sociale pour l’activité minière, mais moi, j’irais beaucoup plus loin que ça. Je pense qu’il faut avoir une acceptabilité sociale, une acceptabilité économique et une acceptabilité environnementale. C’est extrêmement important pour le Québec.
Benoît Lauzon, maire de Thurso, préfet de la MRC de Papineauville, responsable du dossier de l'intrégration minière pour l'UMQ

Comment ça va chez vous ? est une production des Coops de l'information
en partenariat avec l'Union des municipalités du Québec
Conception, réalisation et animation : Simon Jodoin

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Photo: Courtoisie/Lac-des-Plages

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