PAR FRANÇOIS BOURQUE
LE SOLEIL

En vidant un classeur à la rédaction du Soleil le printemps dernier, je suis tombé sur un palmarès d’hommes et de femmes d'influence de la région de Québec paru dans nos pages à l'automne 2005.

J’avais participé à l’exercice. Nous cherchions alors des personnes qui avaient un impact sur la vie quotidienne des gens, sur le paysage de la ville, les emplois, les loisirs.

Le résultat : une galerie de personnages, certains incontournables en raison de leur rôle ou leur fonction publique, et d'autres dont l'influence était moins connue.

Du nombre, quelques personnalités controversées, mais nous n'avions pas voulu faire de choix «moral», laissant nos lecteurs juger eux-mêmes des mérites de l’action des uns et des autres.

J'AI TROUVÉ PLAISIR À REVOIR CETTE LISTE DE 2005 :

  • Jacques Tanguay, homme d’affaires
  • Jean-Paul L’Allier, maire de Québec *
  • Jean Garon, maire de Lévis *
  • André Arthur, animateur de radio *
  • Fernand Labrie, chercheur/entrepreneur *
  • Geneviève Marcon, promotrice immobilière
  • Ross Gaudreault, pdg du Port de Québec
  • Patrice Demers, propriétaire de CHOI
  • Serge Filion, urbaniste à la CCNQ
  • Robert Lepage, auteur, acteur et metteur en scène
  • Père Jean-Marc Boulé, directeur du Séminaire St-François *
  • Roberto Iglesias, sous-ministre de la Santé
  • Michel Cadrin, homme d’affaires
  • Patrick Roy, propriétaire des Remparts
  • Hélène Scherrer, ministre fédérale
  • Gilles Kègle, infirmier de rue
  • Michel Després, ministre provincial
  • Francine Laurent, pdg d'Innovatech
  • Jean Beauchesne, directeur de la programmation du Festival d’été
  • John Porter, directeur du Musée national des beaux-arts du Québec
  • Marc des Rivières, directeur des transports à la Ville de Québec
  • Monique Jérôme-Forget, présidente du Conseil du trésor
  • Jean Leclerc, homme d’affaires
  • Peter Simons, homme d’affaires
  • Jacques Gauthier, propriétaire de Restos Plaisirs

    * Décédé

Avec le recul, je crois que la plupart des personnes choisies méritaient d’y être. Pour d’autres, nous avons erré, influencés peut-être par leur notoriété ou leur titre.

Malgré ses biais et limites, ce portrait représentait un état des lieux de l'époque :

  • une société plus homogène qu’aujourd'hui, en quête d’un nouvel élan après la morosité économique de la fin des années 1990 et les fractures sociales du début des années 2000 (fusions municipales, scandale de la prostitution juvénile);
  • une timide présence des femmes (4 sur 25 dans notre liste), une absence de diversité culturelle, une forte présence d’entrepreneurs et gens d'affaires du privé (8 sur 25);
  • un poids plus important qu’aujourd'hui des médias traditionnels (journaux, radio, télé) dans nos délibérations.

CES OBSERVATIONS NOUS ONT DONNÉ LE GOÛT DE REPRENDRE L'EXERCICE AVEC LES MÊMES CRITÈRES ET LA MÊME MÉTHODOLOGIE

1. Personnes fortement identifiées à la région de Québec et Lévis.

2. Personnes qui ont un impact dans la vie d'un grand nombre de citoyens.

3. Personnes encore en position d'autorité ou d'influence.

4. Personnes dont l’action dépasse ce qu’on attend normalement de quelqu’un qui fait bien son travail.

5. Pas de jugement politique ou moral sur les actions de nos «influenceurs».

6. Objectif d'une meilleure parité hommes-femmes, sans en faire une règle absolue.

Nous avons analysé en cours de route plus de 150 noms soumis par des journalistes de la rédaction du Soleil et par des «consultants».

Nous tenons ici à remercier Régis Labeaume (ex-maire de Québec, aujourd’hui chroniqueur), Antonine Yaccarini (ex-membre de cabinets politiques, aujourd’hui chez TACT) et Marie-Josée Morency (Chambre de commerce et d'industrie du Grand Lévis) qui ont participé à nos recherches et réflexions.

Leur regard a été non seulement précieux, mais essentiel. Il faut connaître les machines de l’intérieur pour savoir qui a vraiment de l’influence.

Et avoir de larges réseaux, pas juste sur la Rive-Nord. C'est ce que nous ont apporté M. Labeaume, Mme Yaccarini et Mme Morency.

Merci aussi aux autres personnes consultées pour mieux évaluer l'impact de certaines candidatures.

Malgré nos efforts de rigueur, cette liste 2023 est comme la précédente, subjective, incomplète et sans doute injuste. D'autres personnes auraient mérité d’y être.

Plusieurs noms ont rapidement fait l'unanimité. Une bonne douzaine. Des incontournables, si on peut dire. Pour d'autres, il y a eu des discussions, des hésitations et doutes, parfois des dissidences.

Les derniers arbitrages et le choix final ont été faits par l’équipe du Soleil (Valérie Gaudreau, Jean-Michel Genois Gagnon et moi-même). Vous noterez que nous avons un peu triché en retenant trois «couples» dont les rôles nous semblaient intimement liés, pour ne pas dire, indissociables.

VOICI LE RÉSULTAT DE NOS RECHERCHES

Les noms sont déclinés par ordre alphabétique plutôt que de risquer une hiérarchie que nous aurions eu du mal à justifier.

Nous vous invitons à réagir à cette liste et à nous signaler (gentiment) nos errements et oublis en écrivant à fbourque@lesoleil.com.

NOTRE LISTE 2023

Photo La Presse et Le Soleil, Patrice Laroche

Photo La Presse et Le Soleil, Patrice Laroche

ROBERT LEPAGE,
65 ANS

AUTEUR, ACTEUR ET METTEUR EN SCÈNE

LYNDA BEAULIEU,
64 ANS

SŒUR DE ROBERT, COMPLICE ET AGENT

Cofondateurs du théâtre Le Diamant, le «couple» Lepage/Beaulieu est inséparable. Lui, le créateur, l’inspiration, l’âme. Elle, la gardienne de l’ordre et la protectrice. «Il n’y a rien qui se rend à Robert sans passer par moi, e-rien», a-t-elle déjà confié au Soleil.

Leur théâtre a changé le visage de place D’Youville et celui du théâtre à Québec en le sortant de sa «zone de confort» pour y amener de la lutte, du cirque et autres formes d’expression. Le Diamant contribue au rayonnement de Québec. Robert Lepage et Lynda Beaulieu prennent tous deux la parole dans l’espace public pour faire avancer des idées, des causes, des projets. Et parfois pour faire rire. Sans parler de leur contribution à faire rayonner Québec et ce faisant, à faire la fierté des citoyens de la région.

Photo Le Quotidien, Jeannot Lévesque

Photo Le Quotidien, Jeannot Lévesque

LOUIS BELLAVANCE,
52 ANS

DIRECTEUR DE LA PROGRAMMATION DU FESTIVAL D'ÉTÉ DE QUÉBEC

À la barre de la programmation du Festival d'été de Québec (FEQ) depuis 2011, Louis Bellavance arbitre le plus important budget de festival au Canada. Ses choix ont un impact sur les sorties de centaines de milliers de citoyens et visiteurs. Facile de réussir quand on a l’argent pour se payer de gros noms, pourrait-on croire. Mais il ne suffit pas toujours de payer, il faut parfois convaincre et vendre Québec, ce que fait Bellavance.

Sous sa gouverne, le FEQ a diversifié son offre par l’ajout de soirées thématiques (country, hip-hop, techno, etc.) ce qui stimule la vente de laissez-passer. Le FEQ encourage d’ailleurs leur partage pour maximiser l’occupation des sites et réduire les coûts pour les festivaliers. Directeur artistique chez BLEUFEU, Bellavance influence aussi la musique des événements St-Roch XP et Toboggan, et des salles l’Imperial Bell, le District et bientôt le Grizzly Fuzz. Ce dernier nom détonne (et déplaît) dans le contexte francophone de Québec, ce qui rappelle qu’avoir de l’influence ne veut pas toujours dire faire l’unanimité.

Photo La Presse, Mathieu Bélanger

Photo La Presse, Mathieu Bélanger

JEAN-LUC BOULAY,
68 ANS

CHEF CUISINIER, JUGE À L'ÉMISSION LES CHEFS!


Né aux Pays de la Loire, Jean-Luc Boulay s’est établi à Québec en 1976. Il a ouvert le Saint-Amour (1978) devenu une institution gastronomique, puis Chez Boulay (2012) et Les Botanistes (2019). Juge permanent à l’émission Les Chefs! depuis 2010, il contribue à démocratiser la cuisine, à former la relève et à faire rayonner Québec par son assiduité à promouvoir une cuisine locale d’inspiration nordique.

Dans une ville reconnue pour sa gastronomie, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que nous avons jonglé avec plusieurs autres candidatures de grande qualité : Stéphane Modat, Isabelle Plante, Jean Soulard, Arnaud Marchand, François-Emmanuel Nicol, Ann-Rika Martin, etc.

Il nous a semblé que M. Boulay est actuellement celui dont l’influence est la plus large, ce qui n’enlève rien aux autres.

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

PAULE-ANDRÉE CASSIDY, 55 ANS

AUTEURE-COMPOSITRICE-INTERPRÈTE ET CONSEILLÈRE ARTISTIQUE À L'AMPLI


L’une des transformations les plus significatives des 15 dernières années à Québec a été le déplacement de la vie nocturne de Grande Allée vers Saint-Roch. Cela a coïncidé avec l’émergence d’une relève musicale remarquable incarnée par les Hubert Lenoir, Jerôme 50, Philémon Cimon, Lou-Adriane Cassidy, etc. L’Ampli de Québec et l’artiste Paule-Andrée Cassidy ont été à l’épicentre de ce mouvement. Les jeunes artistes des musiques actuelles n’ont désormais plus besoin d’aller à Montréal pour éclore. Ils trouvent à L’Ampli un lieu de création, d’enregistrement, d’accompagnement et de diffusion. Paule-Andrée Cassidy a été là depuis l’idéation du projet et y est toujours comme conseillère artistique, formatrice et responsable du volet musique du programme de soutien Première Ovation.

L’impulsion première a été donnée par le maire Régis Labeaume au retour d’une visite à la Rock School Barbey de Bordeaux en 2009. Depuis, c’est devenu une institution de la vie de Québec et une référence qui inspire d’autres villes. L’Ampli est un partenaire du Festival d’été où se sont produits des dizaines de «ses» artistes. Depuis deux ans, L’Ampli est associé à la «virée cyclomusicale» qui met en scène des artistes de la relève sur la route des vélos.

Photothèque Le Soleil

Photothèque Le Soleil

YVON CHAREST,
67 ANS

ADMINISTRATEUR DE SOCIÉTÉS

Pendant ses 19 années à la tête de l’Industrielle Alliance, Yvon Charest est allé bien au-delà du rôle qu’on attend habituellement d’un président de grande entreprise. Il s’est servi de son statut et de sa notoriété dans les milieux des affaires pour devenir l'un des leaders au Québec de la philanthropie, de la lutte aux inégalités et à l’individualisme. Depuis sa «retraite» en 2019, il continue de plaider pour le partage et le don aux causes et aux organismes communautaires.

Depuis 2019, il agit comme négociateur spécial d’Infrastructures Canada dans le dossier de l’entretien du pont de Québec. Les résultats tardent, mais il n’a pas lâché prise. Président des Amis du Mont-Sainte-Anne, M. Charest milite pour une reprise de la montagne par des investisseurs québécois, voire par le gouvernement. Il préside aussi le groupe protramway J’ai ma passe.

Photo fournie

Photo fournie

BENOÎT CÔTÉ,
64 ANS

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PECH

Membre fondateur de PECH qu’il dirige depuis 1993, Benoît Côté est un pilier du réseau communautaire. Il a révolutionné l’approche terrain en santé mentale. En 1996, il a convaincu un Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) alors réticent, à collaborer avec PECH et à ne pas criminaliser automatiquement les personnes psychiatrisées et/ou intoxiquées pour de petits délits ou violences.

Ses mots-clés : intervenir autrement. Écouter, calmer, accompagner. L’approche a fait école. PECH, pour Programme d’encadrement clinique et d’hébergement, est devenu un partenaire essentiel du SPVQ et une référence au Québec. Les travailleurs sociaux de PECH font plus de 2000 interventions par année pour des personnes en crise, des suivis vers l’hôpital, etc. M. Côté a aussi piloté le projet de résidences coopératives en santé mentale Sherpa, un immeuble aux balcons colorés sur le boulevard Charest. La pandémie a aggravé les problèmes de logements et de santé mentale. Cela rend plus essentielle que jamais la mission de PECH et de Benoît Côté.

Photo Martin Roy

Photo Martin Roy

SOPHIE D'AMOURS,
57 ANS

RECTRICE DE L'UNIVERSITÉ LAVAL

On sait le rôle fondamental de l’Université Laval dans la vie économique, culturelle et sociale de la région de Québec. Une ville dans la ville, avec ses 47 000 étudiants, près de 10 000 professeurs, chargés de cours et employés.

En poste depuis 2017, la rectrice Sophie D’Amours pilote la transformation de cette ville. Virage vert, pérennisation d’un campus nordique (patinoire, ski, raquette), puis d’un campus estival. Elle préside aussi l'accélération de la transformation numérique dans l’enseignement et le décloisonnement de l’université. Même si cela soulève parfois la controverse quand on pense à l’entente de recherche pour le défunt projet Laurentia.

Mme D'Amours a plaidé pour la liberté académique des professeurs face aux «lobbies» bien pensant, mais a été critiquée pour sa «censure» sur le même sujet. Ses propos et décisions ont de l’impact.

Un de ses legs sera le futur Carrefour international Brian-Mulroney, un nouveau pavillon consacré aux études internationales avec une salle de simulation de l’ONU, de l’OTAN et de l’OMC. Outre ses fonctions officielles, Mme D’Amours est impliquée à Centraide, à L’effet A (rôle des femmes) et à Fillactive pour la promotion de l’activité physique chez les adolescentes.

Photo tirée du site Web d'IMAFA

Photo tirée du site Web d'IMAFA

JULIE SUZANNE DOYON, 55 ANS

DIRECTRICE GÉNÉRALE D'IMAFA INC. IMMOBILIER

Peu connue du grand public, Julie Suzanne Doyon joue un rôle remarquable dans la vie de Lévis et de la région, bien au-delà de la direction de son entreprise de location immobilière. Conférencière, membre de multiples CA et comités organisateurs, elle ratisse large : tribunes économiques, santé et soins palliatifs, culture, éducation, patrimoine, vie communautaire, l'événement À la Table du Cardinal et la Société Via (adaptation au travail de personnes vivant avec un handicap). Cette avocate de formation est aussi auteure et vient de publier Mission New Liverpool qui raconte l’histoire de la petite communauté anglophone de la Rive-Sud du fleuve. Mme Doyon habite d’ailleurs dans l’ancienne église anglicane de New Liverpool.

Photo La Tribune, Simon Rancourt

Photo La Tribune, Simon Rancourt

JEAN-YVES DUCLOS, 58 ANS

MINISTRE DES SERVICES PUBLICS ET APPROVISIONNEMENT

Jean-Yves Duclos n’est pas officiellement le ministre fédéral de la région de Québec, mais dans les faits, il a tenu ce rôle depuis son entrée au cabinet Trudeau en 2015. Son style sobre et ses propos convenus nous font sous-estimer son poids politique et son influence, souvent décisive, dans les affaires de la région de Québec.

Il a plaidé (et obtenu) que Davie intègre la liste des fournisseurs du Canada, malgré le lobby des autres ministres et chantiers navals du pays. Il a pesé lourd dans la décision fédérale de bloquer le projet Laurentia; a influencé l’engagement indéfectible du fédéral pour le tramway et le refus de financer un troisième lien autoroutier. Il a aussi été décisif dans l’aide à Medicago pour développer un vaccin anti-COVID, même si l’aventure a mal tourné.

D’accord ou pas avec les décisions, l’impact de Jean-Yves Duclos est incontestable. Un échec cependant sur la promesse phare des libéraux de «régler» le pont de Québec, mais ce n’est pas faute d’essayer. On peut voir le verre à moitié vide, mais si personne ne s’occupe des verres à moitié vides, ils ne seront jamais pleins, me souffle un stratège libéral.

Photo La Voix de l'Est, Stéphane Champagne

Photo La Voix de l'Est, Stéphane Champagne

ÉRIC DUHAIME,
54 ANS

CHEF DU PARTI CONSERVATEUR DU QUÉBEC

Aime ou aime pas ses idées ou son ton, Éric Duhaime s’est imposé dans le paysage politique du Québec et de la Capitale-Nationale. Près de 30% des votes de la région à l’élection de 2022. Sans la grogne post-COVID, pourra-t-il maintenir ses appuis et progresser? À voir, mais en attendant, il incarne la droite politique et le libéralisme économique aux côtés d’animateurs de CHOI comme Dominique Maurais qui lui ouvrent leurs tribunes.

Intelligent, habile débatteur, opportuniste, Éric Duhaime provoque débats, réflexions et controverses. Il ratisse large et dérange : rôle de l’État, troisième lien par l’île d’Orléans, présence de drag queens dans des écoles, lutte au tramway, etc. Le Parti conservateur fédéral se méfie de lui, mais il y a une parenté idéologique manifeste entre Duhaime et Pierre Poilievre qui pourrait devenir le prochain premier ministre du Canada.

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

DANIEL GENEST,
59 ANS

DIRECTEUR DU BUREAU DE PROJET DU TRAMWAY

Daniel Genest dirige depuis 2019 le Bureau de projet du tramway, plus important projet de l’histoire de Québec (au plan budgétaire du moins). Ce projet va changer le paysage et l’image de la ville, transformer les habitudes de déplacement et de circulation, accélérer la densification, bonifier les espaces publics dans le corridor traversé et améliorer l’attractivité de la ville, notamment pour les jeunes générations.

Dan Genest (et son bras droit Benoit Carrier) joue un rôle décisif dans les analyses, choix et recommandations sur le projet. Pour ou contre le tramway, l’impact sur la vie quotidienne des citoyens et les visiteurs est déjà considérable avec les travaux préparatoires. Et il le sera davantage encore lors de l'accélération du chantier, puis après la mise en service. Le vent va, d’ici là, souffler fort au Bureau de projet, mais ses 30 ans dans l’Armée canadienne, puis à l’échangeur Turcot et au pont Champlain, ont préparé Dan Genest à aller à la guerre.

Photo La Presse, Édouard Plante-Fréchette

Photo La Presse, Édouard Plante-Fréchette

GENEVIÈVE GUILBAULT,
40 ANS

MINISTRE DES TRANSPORTS DU QUÉBEC

Abandon du troisième lien autoroutier, financement du tramway, voies réservées de transport en commun vers les banlieues, reconstruction des échangeurs de la tête des ponts, entretien du pont de Québec, transformation de Laurentien et de Dufferin-Montmorency en boulevards urbains, prolongement de la promenade de Champlain, etc.

On peut difficilement imaginer un ministère dont les décisions ont et auront autant d’impact sur la vie de tout le monde. Cette ministre a le courage d’aller au front et de défendre au besoin les choix contestés de son gouvernement.

Aime ou aime pas son culte de l’image, ses erreurs de jugement et sa gestion parfois difficile des relations de travail, Geneviève Guilbault est un incontournable du paysage de Québec. D’autant plus qu’elle a l’oreille du premier ministre François Legault et qu’on lui prête l’intention de devenir calife à la place du calife.

Photo tirée de LinkedIn

Photo tirée de LinkedIn

GENEVIÈVE QUINTY, 51 ANS

DIRECTRICE DU PROJET INTERVENTION PROSTITUTION DE QUÉBEC (PIPQ)

Lorsque la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault a annoncé à l'automne 2021 une aide publique pour les victimes d’exploitation sexuelle au Québec, Geneviève Quinty était assise à ses côtés. Directrice du PIPQ depuis plus de 30 ans, cette travailleuse de rue milite, s’indigne, parle, explique, conseille, propose, inspire, agit, accueille et aime avec ouverture et bienveillance. Elle est devenue une référence pour les autorités publiques et organismes de soutien aux femmes exploitées sexuellement. Par ses actions et son influence, elle contribue à la sécurité de centaines de «filles» et de façon plus large, au sentiment de sécurité à Québec.

Pendant la pandémie, Mme Quinty a eu l’inspiration de récupérer de l’argent COVID pour créer le Local Centre-ville au sous-sol de l’église Saint-Roch, un lieu d’accueil sans condition pour les sans-abris et les déshérités. Ce local a été fermé plus tôt cette année, contre le gré de Mme Quinty, mais la démonstration du besoin était faite. La Ville de Québec va prendre le relais sous une forme qui reste à préciser.

Photo Le Soleil, Erick Labbé

Photo Le Soleil, Erick Labbé

ALY NDIAYE (WEBSTER),
43 ANS

ARTISTE HIP-HOP, AUTEUR

Diplômé en histoire, Aly Ndiaye a été un pionnier du mouvement hip-hop de Limoilou et est devenu une des voix fortes du vivre-ensemble et du grandir-ensemble à Québec. Par ses textes, ses concerts, ses expositions et ses conférences, Webster (surnom inspiré du dictionnaire) raconte la présence noire au pays depuis la Nouvelle-France. Son livre jeunesse Le grain de sable parle du premier esclave au Canada.

Après avoir d’abord rappé en anglais, il est revenu à sa langue, le français, dont il fait avec fierté la promotion au point d’avoir produit un manuel d’écriture hip-pop. Le ton de ses années d’adolescence s’est assagi. Aly Ndiaye ne se contente plus de dénoncer et vilipender. Il veut travailler à des solutions et être un «leader positif». Il participe au débat public, plaide pour la diversité, anime des ateliers dans les écoles et les centres jeunesse au Québec et ailleurs dans le monde.

Photo Benoit Camirand et Simons

Photo Benoit Camirand et Simons

BRITTA KRÖGER,
63 ANS

ENTREPRENEURE ET CONSULTANTE CHEZ SIMONS

PETER SIMONS,
59 ANS

CHEF MARCHAND CHEZ SIMONS

Peter Simons était de notre liste de gens influents en 2005. Désolé, mais il doit aujourd’hui partager «l’honneur» avec sa conjointe Britta Kröger, qui occupe une place grandissante dans la vie de sa ville d’adoption.

Née en Allemagne, Britta Kröger a vécu 30 ans à Paris avant de prendre mari et pays à Québec. Elle est à l’origine du Marché de Noël allemand qui gagne chaque année en importance. Ambassadrice du Monastère des Augustines et de son patrimoine, impliquée dans la culture avec l'Orchestre symphonique de Québec et la philanthropie dont la Fondation Lise Watier, le YWCA et le Bal du maire. Sans parler de son influence sur les collections de Simons.

Son conjoint, Peter Simons a quitté l’an dernier la présidence de l’entreprise familiale, mais continue d’y être actif, d’habiller les citoyens de sa ville et du Canada. Il continue de soutenir des œuvres caritatives, les arts et des artistes dont il fait la promotion sur la page de Simons. Depuis la pandémie, il prend plus souvent la parole sur des enjeux politiques et sociaux. Il ne se passe pas un jour sans qu’on ait le goût de lui dire merci encore pour le don de la fontaine de Tourny.

Photo Le Soleil, Yan Doublet

Photo Le Soleil, Yan Doublet

MICHEL LAPLANTE,
53 ANS

PRÉSIDENT DES CAPITALES

«L’homme le plus intéressant au Québec» avait titré il y a quelques années le chroniqueur de sports de Radio-Canada Martin Leclerc. Issu d’une famille modeste de l’Abitibi, Michel Laplante a été de l’aventure des Capitales depuis le premier jour de 1998, comme lanceur d’abord, puis gérant et maintenant président.

Il a contribué à faire des Capitales un des «événements» en ville et une source de fierté. Mais ce qu’on retient, c’est aussi son dévouement à développer le baseball et le sport pour «élargir les horizons des enfants», comme il le dit : Académie de baseball, location de locaux inoccupés d’ExpoCité (où il avait rapatrié le vieux gazon du Stade olympique), soutien au sport-étude, dôme couvert et gazon synthétique au parc Victoria pour décupler les heures d’utilisation du terrain (baseball, soccer, ultimate frisbee, etc.) et permettre à la Ville de Québec d’économiser sur les coûts d’entretien. Le projet inspire depuis d’autres villes.

En route, Michel Laplante a créé une entreprise de fabrication de bâtons de baseball, ouvert une filière diplomatique pour attirer des joueurs cubains à Québec et favoriser des échanges de jeunes. Sans parler des prix modérés au stade qui rendent les sorties aux Capitales accessibles en ces temps d’inflation. L’homme le plus intéressant du sport au Québec pourrait ici donner des leçons aux Canadiens de Montréal.

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

GILLES LEHOUILLIER,
70 ANS

MAIRE DE LÉVIS

Présent dans l’espace public depuis plus de 35 ans, Gilles Lehouillier a transformé le paysage de Lévis et continue de le faire, notamment sur les berges du fleuve et au Quai Paquet. Je me souviens du conseiller municipal des premières années qui a obtenu que la voie ferrée du fleuve devienne une piste cyclable.

Sous sa gouverne, Lévis vit un essor économique spectaculaire et n’a (presque) plus besoin de Québec pour répondre aux besoins de ses citoyens.

Des militants verts reprochent à M. Lehouillier de ne pas en faire assez pour le transport en commun et l’aménagement viable du territoire. Son retrait du projet de Service Rapide par Bus (SRB) a privé la région d’un lien fort entre les rives et provoqué la chicane que l’on sait avec l'ex-maire Régis Labeaume. Son opiniâtreté à réclamer un troisième lien a contribué au psychodrame des dernières années. Mais pareillement, il ne lâche pas le morceau pour réclamer le sauvetage du pont de Québec.

Son caractère bouillant et des allégations de comportements déplacés avec des employés sont une lourde tache au dossier du maire Lehouillier. Mais personne ne peut nier son impact sur la vie quotidienne et l’essor de Lévis et de la région.

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

BRUNO MARCHAND,
51 ANS

MAIRE DE QUÉBEC

Élu il y a deux ans pour prendre le relais d’un maire qui prenait beaucoup de place, Bruno Marchand a rapidement trouvé la sienne. Avec d’autres élus de grandes villes, il incarne une «nouvelle» génération de politiciens qui sent davantage que la précédente l’urgence de changer les habitudes et de s’adapter aux changements climatiques.

M. Marchand accélère et amplifie des virages amorcés par son prédécesseur (voies cyclables et piétonnes, espaces publics et piétonnisation du Vieux-Québec, nouvel arbitrage annoncé des feux de circulation, protection de la canopée, qualité de vie, etc.). Il avait placé la barre haute en promettant des améliorations au tramway, une meilleure acceptabilité sociale du projet et une cible d’itinérance zéro. On mesure aujourd’hui le chemin qui reste à faire, mais il n’a pas renoncé. Sur l’itinérance, il a clairement posé en leader en sommant les ministres à Québec et à Ottawa d’être eux aussi «en colère».

M. Marchand a réussi (un temps) à avoir un ton plus conciliant avec ses adversaires politiques et le gouvernement Legault. Il a créé une collaboration inédite avec le Port de Québec et le ministère de l'Environnement pour améliorer la qualité de l’air.

Pour ces motifs et beaucoup d’autres, le maire de Québec est un incontournable de notre liste de gens influents.

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

SYLVAIN
PARENT-BÉDARD,
54 ANS

PRÉSIDENT FONDATEUR DE COMÉDIHA!

Sylvain Parent-Bédard est devenu un joueur de premier plan de la vie culturelle de Québec. Son événement signature, ComédiHa! (au début le Grand Rire Bleu) fêtera ses 25 ans l’an prochain et est devenu la plus grande entreprise d’humour au Québec. Impressionnant quand on sait l’importance de cette industrie.

Mais notre homme n’entend pas (seulement) à rire. Il veut aussi promouvoir la chanson francophone à travers un «nouvel» événement, la SuperFrancoFête, tenue pour la seconde fois cet été à l’Agora. Ce clin d’œil au nom du festival qui a marqué notre imaginaire lors de l’été 1974, va prendre de l’ampleur avec les années, promet-il. M. Parent-Bédard a produit la série télé À propos d'Antoine qui raconte et met en scène son fils autiste polyhandicapé. ComédiHa! est aussi associé au retour des Boys sur grand écran l’an prochain et songe à une série télé.

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

Photo Le Soleil, Patrice Laroche

MARIE-PIER
ST-HILAIRE,
46 ANS

PRÉSIDENTE D'EDGENDA

Présidente d'Edgenda (entreprise-conseil en transformation numérique), Marie-Pier St-Hilaire a depuis toute jeune la fibre entrepreneuriale. Elle a créé sa première entreprise à 10 ans, en sous-traitant à ses frères des rondes de distribution du Soleil!

Très tôt, elle a eu l’ambition de changer les façons d’apprendre et de promouvoir l’inclusion des femmes dans l’écosystème numérique. Elle est ambassadrice de Numérique au féminin, un événement qui a tenu sa 6e édition en septembre 2023. Elle s’investit aussi dans la philanthropie et le bénévolat : Horizon Charlevoix, Fondation du CHU de Québec, entre autres.

Marie-Pier St-Hilaire a été et est encore un modèle et une inspiration pour les jeunes femmes. Un impact difficile à quantifier, mais une influence réelle.

Photo fournie

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JEAN ST-GELAIS,
64 ANS

PRÉSIDENT DU CA DE LA CAISSE DE DÉPÔT ET DE BENEVA


Jean St-Gelais est le premier nom qui a émergé de nos réflexions, tout de suite après celui des maires. Cet ancien numéro un de la fonction publique du Québec aime agir dans la discrétion et est donc peu connu du public. Mais ses contacts dans l’appareil d’État, les assurances, les institutions et les milieux d’affaires en font un acteur influent des coulisses du pouvoir à Québec.

Il est celui qui sait comment la machine fonctionne et à quelles portes cogner pour que les choses arrivent. Il a ses entrées au cabinet du premier ministre. Il est très actif en philanthropie et auprès d’organismes communautaires qu’il conseille et soutient dont Centraide, Leucan, la Fondation La Capitale, et la Fondation Véro et Louis. Décoré de l’Ordre national du Québec et de l’Académie des Grands Québécois.

Photo tirée de Facebook

Photo tirée de Facebook

NANCY FLORENCE SAVARD, 57 ANS

PRODUCTRICE CHEZ 10e AVE

Les enfants (et leurs parents) connaissent les contes de Noël, films, sites et jeux produits chez 10e Ave, à Saint-Augustin-de-Desmaures. Axés sur le plaisir et l’émotion, ces films ont obtenu de nombreux prix et reconnaissances à l’international. Universal Picture a notamment racheté les droits de distribution du Coq de St-Victor.

Après un détour par Montréal où elle a été réalisatrice d’émissions de télévision, Nancy Florence Savard est revenue s’établir dans sa ville natale. Elle s’applique depuis à faire travailler des artisans et entreprises locales comme Frima, un leader du jeu vidéo à Québec. Avec le temps, Nancy Florence Savard a eu et continue d’avoir un impact sur le parcours professionnel de centaines d’employés et sur la vie de milliers d’enfants et de familles.

Photo Le Soleil, Caroline Grégoire

Photo Le Soleil, Caroline Grégoire

JACQUES TANGUAY, 62 ANS

CHEF DES OPÉRATIONS CHEZ GROUPE TANGUAY (BMTC)

Une liste de gens influents à Québec sans Jacques Tanguay ne serait pas crédible. Il était déjà là en 2005 et y est encore, même s’il a amorcé la passation des pouvoirs à ses fils Charles, Olivier et Alexandre. Jacques Tanguay vient de quitter les Remparts en même temps que son complice Patrick Roy, mais est toujours président du Rouge et Or football et de la Fondation Maurice-Tanguay.

Pour le reste, ne cherchez pas de titres officiels, ce qui ne l’empêche pas d’être présent partout dans les œuvres de charité. La marque Tanguay (créée à Lévis par son père Maurice en 1960) est devenue si forte que le propriétaire du groupe BMTC, a choisi le printemps dernier de l’imposer à toutes ses succursales en province, incluant celles de Brault et Martineau, qui comptait pourtant 60 ans d’histoire.

La parole publique de Jacques Tanguay a encore du poids. Quand le commissaire de la Ligue canadienne de football souhaite une équipe à Québec et que Jacques Tanguay affirme que : «Une équipe de la LCF à Québec, on ne peut même pas y penser...», on sait qu’il n’y a aucune chance que ça arrive. Mais s’il dit s’intéresser au projet d’une équipe de hockey universitaire à Laval, on comprend que ça pourrait arriver.

Photo tirée de Facebook

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WILLIAM TRUDEL,
45 ANS ET JONATHAN TRUDEL, 43 ANS

PROMOTEURS, TRUDEL CORPORATION

L’aventure immobilière de William Trudel commence au début des années 2000, mais c’est l’achat du centre commercial Fleur de Lys avec son frère Jonathan en 2018 qui les propulse à l’avant-scène. Leur vision : transformer Fleur de Lys en un quartier multifonctionnel (divertissement, logements, résidences pour personnes âgées, éducation, commerces, bureaux, espaces verts, etc.). Le chantier est en cours et va transformer le paysage et la qualité de vie au centre-ville.

L’impact des Trudel est aussi dans la façon de faire. Une révolution. À l’opposé des promoteurs qui travaillent leurs projets en vase clos.

Ces deux anciens policiers de Québec ont consulté dès le départ des citoyens, des commerçants et des acteurs du voisinage de Fleur de Lys pour s’assurer de l’acceptabilité du projet. L’architecte Érick Rivard, que nous avions aussi songé à nommer dans ce palmarès, est aux tables à dessin des Trudel, ce qui ajoute à la crédibilité et à la qualité du projet. La même recette sera appliquée à d’autres centres commerciaux et sites des Trudel (Place des Quatre-Bourgeois, îlot Dorchester, Galeries Charlesbourg). Les Trudel sont aussi actifs dans la philanthropie.

Photo Le Soleil, Yan Doublet

Photo Le Soleil, Yan Doublet

RÉMY VINCENT,
49 ANS

GRAND CHEF DE LA NATION HURONNE-WENDATE

Élu chef en 2020, Rémy Vincent a donné une nouvelle couleur aux relations entre Québec et la communauté de Wendake. Non pas que ces relations étaient mauvaises, mais on voit Rémy Vincent sur des tribunes politiques et économiques où on voyait peu ou pas ses prédécesseurs.

Sans doute est-il arrivé au bon moment, alors que les pouvoirs publics intensifient leurs efforts d’intégration et de réconciliation avec les Premières Nations. Mais il faut être deux pour danser. Le chef Vincent a choisi d’accepter toutes les invitations. Il porte aussi le projet d’expansion de Wendake sur les anciens terrains de la Défense à Sainte-Foy.

Il a pour ce faire le plein appui du maire de Québec Bruno Marchand et promet le respect du zonage municipal. C’est de l’inédit. Ce projet va changer le paysage du centre de Sainte-Foy et les relations entre les communautés. Une ombre au tableau cependant : les tensions avec les Innus sur le partage de ces terres. Le programme électoral du chef Vincent promettait «plus de conciliation avec les autres nations». Ça reste à peaufiner.

Journaliste
FRANÇOIS BOURQUE

Designer graphique
PASCALE CHAYER

Animation
NATHALIE FORTIER